Crédit immobilier: comment gagner de 1000 à 10 000 euros sans (trop) d’effort?

Le Conseil constitutionnel a validé le 12 janvier la possibilité de changer chaque année son assurance emprunteur, donnant tort au secteur bancaire. Ce que ça change pour vous.

L’année 2018 commence en fanfare. Après plus de dix ans de bras de fer avec les banques, les consommateurs et les parlementaires ont arraché de haute lutte la possibilité de changer leur assurance de prêt tous les ans.

Les 6 millions de ménages ayant souscrit un crédit immobilier peuvent désormais résilier cette assurance au bout de la première année. Une excellente nouvelle, puisque c’est de loin l’assurance la plus coûteuse, avec des primes moyennes annuelles de 1 000 euros, et des gains en cas de changement qui peuvent dépasser les 50%!

 

Cette assurance, qui n’est pas obligatoire mais que la banque impose souvent à la signature d’un crédit immobilier, intervient en cas de décès, d’invalidité ou d’incapacité de travail. « Beaucoup d’emprunteurs omettent de calculer part de l’assurance dans le coût du crédit », observe Olga de Sousa, juriste à l’UFC-Que Choisir ! Résultat, tous se focalisent sur le taux au moment de décrocher leur prêt immobilier. À tort. « Car, le coût de l’assurance emprunteur des banques (contrats groupe) avoisine celui des intérêts d’emprunt « , souligne Isabelle Tourniaire, directrice des études chez BAO. Mais cela, les banques se gardent bien de le dire à leurs clients.

 

D’ailleurs, si elles se livrent une bataille ouverte sur les taux, rien de semblable ne s’observe sur l’assurance emprunteur. Bien au contraire. Depuis dix ans les banques freinent des quatre fers refusant d’ouvrir ce marché à la concurrence pour préserver leurs marges gargantuesques. « Elles représentent jusqu’à 50% du montant des cotisations versées par les assurées, sur un marché où traditionnellement, les marges ne dépassent pas 10% « , s’indigne Martial Bourquin, sénateur du Doubs, à l’origine de l’amendement éponyme qui permet la résiliation annuelle.

Pourquoi faut-il absolument faire jouer la concurrence?

Primo, parce que l’assurance emprunteur est l’assurance la plus chère payée par les Français. Deuzio, parce que l’écart de prix entre les assurances emprunteurs des banques – qui représente 85% du marché – et celles des assureurs alternatifs est tel, que la plupart des emprunteurs ont tout à gagner à en changer et ce, quel que soit leur âge et leur profil, comme l’illustre l’étude publiée en février 2017 par le cabinet conseil en actuariat, BAO. Les tarifs des banques peuvent coûter deux fois et demie plus chers! Une prime moyenne de 1 000 euros par an divisé par deux, cela fait 500 euros par an d’économie et sur 20 ans, 10 000 euros.

Ce tableau le montre: les tarifs bancaires sont en moyenne plus chers – jusqu’à plus de deux fois et demi – que les tarifs alternatifs, pour tout âge d’emprunteur. L’écart le plus important est observable sur les emprunteurs de 26 à 46 ans mais aussi pour les 66 ans.

Un argument qui plaide en faveur du changement d’assurance emprunteur d’autant que pour la société BAO, toutes les assurances alternatives sont des assurances forfaitaires donc plus couvrantes que 50% des offres bancaires analysées, qui sont indemnitaires.

Combien pouvez-vous espérer gagner?

Presque autant qu’en renégociant votre crédit immobilier si ce n’est plus, aucun frais de résiliation ne pouvant vous être appliqués ici. Si vous êtes en tout début de prêt et avez emprunté des montants importants, sur 20 ans et plus, l’économie peut dépasser les 10 000 euros, chiffre le courtier Meilleurtaux. Mais même pour grappiller 1 000 euros ou 2 000 euros le jeu en vaut la chandelle, d’autant qu’en changeant votre assurance emprunteur, vous bénéficierez de bien meilleures garanties dans un grand nombre de cas.

Tout le monde a-t-il intérêt à renégocier?

Pas forcément! « Si votre état de santé s’est dégradé depuis la souscription ou encore si le montant emprunté est faible ou si désormais, vous pratiquez un sport à risque, au mieux les gains seront dérisoires au pire, vous seriez perdant « , prévient Karl Sivignon, président d’Arturo crédit.

 

Mais le seul moyen d’en avoir le coeur net est encore d’effectuer des simulations chez les comparateurs et de demander soit aux assureurs en direct, soit à des courtiers spécialisés de vous proposer des devis. Ne vous en privez pas. Cela ne vous coûte rien et peut vous rapporter gros. « Ce sera notamment le cas si vous avez été gravement malade par le passé et que vous faites jouer le droit à l’oubli, signale Catherine Touvrey, directrice générale d’Harmonie Mutuelle. Ou encore si vous avez arrêté de fumer depuis plus de 24 mois ou quitté une profession à risque. »

Ne risquez-vous pas d’être moins bien assuré ?

Impossible! « Les banques ont exigé que les garanties proposées par les assureurs alternatifs, en cas de substitution, offrent à minima les mêmes garanties que leurs propres contrats « , rappelle Franck Couaillier, Senior manager chez Siltea. Résultat, en changeant, vous avez la certitude absolue de ne pas perdre au change.

Mieux, en frappant à la porte d’un courtier ou d’un assureur, vous obtiendrez un conseil sur-mesure. « Afin de protéger au mieux votre famille, suivant votre âge, votre catégorie socioprofessionnelle, votre état de santé, vos pratiques sportives… adaptez le choix de votre contrat et du niveau de couverture retenu (100% sur deux têtes, sur une seule, 50/50, 70/30…) « , recommande Catherine Touvrey.

À l’occasion de ce changement d’assurance, vous découvrirez peut-être également que jusqu’à présent, vous étiez couvert par un contrat indemnitaire et non par un contrat forfaitaire. Cela n’a rien d’un détail. Car si un contrat forfaitaire couvre dans tous les cas la mensualité assurée, à hauteur du montant souscrit, « les garanties indemnitaires, elles, ne prennent en charge la mensualité assurée que dans la limite de la perte de revenus de l’assuré, décrypte Isabelle Tourniaire. Or, un certain nombre d’emprunteurs en activité professionnelle sont couverts par les contrats de prévoyance de leur entreprise. Comme ceux-ci maintiennent leurs salaires en cas d’incapacité, les garanties indemnitaires ne joueront pas ». Idem pour les fonctionnaires. Mieux vaut le savoir avant de souscrire et privilégier un contrat forfaitaire, seul digne de ce nom, selon Roger Mainguy, directeur général d’April Santé Prévoyance.

Source : Votre Argent / L’Express

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